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Le dernier dieu roi

L’anniversaire du roi

Chaque 31 octobre, le Cambodge célèbre l’anniversaire du roi. Cette année, ce jour de fête avait une saveur amère, car Norodom Sihanouk est mort le 15 octobre dernier, à l’âge de 89 ans.

En 2012 donc, les Cambodgiens sont venus en masse à Phnom Penh pour rendre un dernier hommage à leur roi défunt et honorer sa mémoire. Une foule imposante s’est recueillie devant le Palais royal, où sa dépouille est exposée pendant les 3 mois de deuil national. Sihanouk était extrêmement populaire au Cambodge. Le 17 octobre, quand son corps est arrivée à Phnom Penh, près d’un million de personnes l’attendaient dans les rues de la capitale.

Sihanouk et l’indépendance

Placé sur le trône en 1941 par les Français alors qu’il n’a que 18 ans, Sihanouk finit par obtenir pacifiquement l’indépendance du Cambodge en 1953. Il abdique deux ans plus tard en faveur de son père, et devient chef du gouvernement. N’excellant pas dans la gestion du pays, il tend à un certain autoritarisme pour maintenir son pouvoir. A la fin des années 60, la guerre du Vietnam vient encore plus compliquer une situation intérieure déjà complexe. Grand adepte des jeux politiques, Sihanouk cherche à préserver la neutralité du Cambodge et oppose un « non » ferme aux Américains qui veulent en faire leur base arrière dans la région. Il tolère cependant le ravitaillement des Viêt-Cong par ce que l’on appelle la « route Sihanouk ».

Face aux Khmers rouges

La guerre du Vietnam s’étend peu à peu au Cambodge et contribue à la déstabilisation du pays. En 1969, le premier ministre Lon Nol, soutenu par les Etats-Unis, s’empare du pouvoir. Sihanouk s’exile alors en Chine et apporte à la radio son soutien aux Khmers rouges qu’il avait pourtant durement réprimés dix ans plus tôt. Cet « appel du 23 mars 1970 », écho de l’appel du 18 juin, conduit de nombreux jeunes ruraux à prendre les armes et à venir grossir de manière décisive les rangs des Khmer rouges.

Après leur victoire, Sihanouk revient au Cambodge, avec le titre honorifique de chef d’Etat. Rapidement mis en résidence surveillée dans son palais, il n’aura la vie sauve que grâce à l’influence de ses amis chinois sur Pol Pot. Quatorze de ses enfants et petits-enfants seront tués au cours de cette période.

Le second exil chinois

En 1979, les Vietnamiens chassent les Khmers rouges de Phnom Penh. Evacué par les Chinois, Sihanouk n’aura alors de cesse d’en dénoncer le joug, quitte à faire de nouveau alliance avec les Khmers rouges. La situation durera jusqu’aux accords de paix de 1991.

Après 10 ans d’exil, Sihanouk rentre enfin au Cambodge, mais il ne réussira pas à s’imposer sur la scène nationale et acceptera de se retirer peu à peu du jeu politique. Il parviendra néanmoins à restaurer durablement l’institution monarchique.

Poète, écrivain, journaliste et cinéaste, « Monseigneur Papa » laisse derrière lui une aura controversée et un pays en deuil, pleurant la mort du dernier Dieu Roi cambodgien.

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